La Gouvernance de L’Aire Marine Protégée de Kayar
by Anonymous
Je suis passionnée de la nature et des aires protégées en particulier. Après ma formation en gestion des aires protégées et de la faune (GAPF) à l’Institut de Formation Agricole et rurale (ISFAR) de Bambey. J’ai effectué des travaux de terrains qui ont un objectif d’évaluation la gouvernance de l’AMP de Kayar à travers la Liste verte de l’UICN en se basant sur les standards développés. Avant de comment la narration, il faut d’abord connaitre qu’est-ce c’est la liste verte de l’UICN.
La Liste Verte (LV) des aires Protégées de l’UICN est une initiative qui encourage, mesure, reconnait et partage les succès des aires protégées qui atteignent les standards des bonnes pratiques de gestion et de gouvernance. Elle a été conçue pour guider les gouvernements et leurs partenaires de conservation dans l’atteinte de leurs engagements relatifs à la ratification de la Convention sur la Diversité Biologique et en particulier au regard de la cible 11 dédiée à la gestion efficace et équitable des aires protégées (UICN ,2018).
Les aires protégées candidates à la Liste Verte doivent démontrer qu’elles ont atteint leurs objectifs de conservation de la biodiversité sur la base d’une gestion efficace et d’une gouvernance équitable. En d’autres termes, elles doivent prouver qu’elles atteignent les standards internationaux de bonne gestion et de bonne gouvernance (Liste Verte), à la lumière de leurs contextes locaux, nationaux et régionaux. La Liste Verte permet de reconnaitre les succès de gestion et de gouvernance, pour ensuite les diffuser à d’autres AP qui cherchent à progresser. Le Standard de la Liste verte de l’UICN est organisé en quatre composantes liées à une conservation réussie de la nature au sein des aires protégées et conservées. Les composantes de base concernent : la bonne gouvernance, une gestion efficace, la planification robuste et une conservation réussie (bonne conservation et équité social).
La gouvernance équitable : Outre le fait que l'aire protégée doit être administrée conformément à la législation en vigueur, la gouvernance se doit d'être parfaitement transparente et d'impliquer les populations et acteurs locaux. Les plaintes, conflits ou griefs à l'encontre de l'aire sont analysés.
La gestion efficace : Il doit exister un document de gestion, celui-ci doit comprendre des mesures objectives de la réussite de la gestion et un système de surveillance et d'évaluation des actions. Les ressources naturelles, les critères sociaux, les menaces et les activités doivent être gérées. Enfin, les ressources en personnel et en budget doivent être suffisantes.
La planification robuste : la planification doit mettre en avant les éléments naturels clés à protéger et prendre en compte les menaces qui pèsent sur eux sur le long terme. L'aire protégée doit également avoir été créée en impliquant les populations locales et les impacts socio-économiques de sa création sont connus.
La conservation réussie : L'UICN prend en compte les résultats concernant la conservation de la nature sur de long terme mais aussi les impacts sociaux
Sur la base des composantes développées par l’UICN, j’ai travaillé avec la composante « gouvernance équitable ». Notre travail consista d’abord à administrer un questionnaire qui s’est basé sur des critères de la bonne gouvernance. Nous avons trois critères : légitimité et droit à la parole, transparence et responsabilité et capacité de réponse adaptative. Ce questionnaire a été destiné aux personnes ressources comme le gestionnaire de l’AMP et toute son équipe. En seconde lieu, un guide d’entretien a été à la population de la ville de Kayar pour savoir leur perception et impression sur la manière dont l’AMP est gérée.
Après cet exercice de terrain, une analyse des résultats des enquêtes a été effectués. Ces résultats ont montré que les indicateurs que sont : les prises de décisions intègrent le droit des collectivités concerné, Contribution à l’équité entre sexes concernant la gestion de l’AMP et Acceptation du type de gouvernance de l’aire protégée par les parties prenantes ne sont pas vérifiés par les outils proposés. Selon la liste verte, l’existence de toutes les sources de vérifications de l’ensemble de indicateurs approuve que l’AMP de Cayar assure la légitimé et le droit à la parole à toutes les parties prenantes.
L’analyse du critère « transparence et responsabilité » de la composante « Gouvernance équitable » montre que tous les indicateurs sont vérifiés exceptés celui du « processus d’identification, de traitement et de résolution des plaintes, revendications et réclamations liés à la gouvernance ou gestion. L’analyse du critère « vitalité de la gouvernance et la capacité de réponse adaptative » révèle que tous les indicateurs sont vérifiés à l’exception de celui notamment de la « reconnaissance dans la planification et la prise de décision, des conditions, les enjeux et les objectifs pertinents à l’échelle national et locale qui impactent l’aire protégée », qui n’est pas vérifié par les outils proposés.
Concernant la perception de la population sur la gouvernance de l’AMP, la surexploitation des ressources halieutiques est la justification de la mise en place de l’AMP est la plus citée avec 49,5% des personnes enquêtées. L’ignorance des raisons de l’implantation de l’AMP reste le paramètre le moins mentionné, n’occupant que 2%. Concernant la mise en place de l’AMP, l’Etat et la population en sont les principaux acteurs selon 83% des personnes enquêtées. La population, comme unique initiateur de l’AMP est peu perçu par la population avec seulement 5 %. Les interdictions que sont le maillage des filets, les zones de reproduction, la non capture espèces menacées, la non utilisation de certains engins de pêche, le non transport du sable de plage et le non déboisement de la bande de filao sont largement connus par les populations avec respectivement 100 ; 77 ; 97 ; 87 ; 65 et 90% des personnes enquêtées.
Pour sa part, La délimitation de l’AMP a plus été l’œuvre de la population locale suivant 46,4% des personnes enquêtées. L’intervention de l’Etat dans la délimitation de l’AMP demeure moins importante, ne représentant que 11,1% des personnes enquêtées. Le comité de gestion et la surveillance sont les aspects du fonctionnement les plus connus par la population locale avec respectivement 83 et 100% des personnes enquêtées. L’information reste le paramètre du fonctionnement le moins connu par la population locale, occupant 32,3% des personnes enquêtées. Aussi, la productivité de la pêche et les plantations sont perçues par l’essentielle de la population locale comme meilleurs résultats de l’AMP avec respectivement 72 et 67% des personnes enquêtées.
L’immersion des récifs artificiels reste le résultat le moins perçu par la population locale, ne représentant que 1% des personnes enquêtées. L’analyse des retombées de l’AMP révèle que l’Etat en est le principal bénéficiaire avec 79% des personnes enquêtées. La population locale quant à elle, ne bénéficie en aucune façon des retombées de l’AMP et donc 0% des personnes enquêtées. Cette évaluation du système de gouvernance de l’AMP de Kayar à partir de la composante « Bonne Gouvernance » du standard de la liste verte de l’UICN introduit l’extension de l’étude à la composante « Conception et Planification ».
En somme, la gouvernance des AMP devrait se baser sur l’existence de rapport, d’accords ou même de sources vérifications de la conception à l’établissement des instances liés à la gouvernance, à la gestion et à la planification pour asseoir une bonne conservation et donc de leurs capacités à être éligible à la liste verte de l’UICN.
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